Jeanne est une façonneuse, une modeleuse. Le
choix du grès a été intuitif pour elle, sensible plus que technique. Elle aime
ce qui reste brut et franc en cette matière, surtout quand il est
chamotté. Elle aime l’idée de donner à
cette argile une allure qui n’est pas celle qu’on lui accorde traditionnellement
: au lieu de la lourdeur et de la rusticité qu’on lui confère, elle tente de
l’emmener vers la légèreté, le mouvement, la finesse. Il lui permet d’obtenir
un résultat qui n’est pas que sophistiqué et délicat comme le ferait la
porcelaine, il garde de sa rugosité, de son caractère.
Ses fils créatifs sont le féminin et l’expression du mouvement, entre représentation ou évocation, jouant de dualité : brut/raffiné, mat/brillant, matiéré/lisse. La dentelle souvent présente est envisagée comme le symbole de traditions ancestrales, de délicatesses surannées. Transposée sur l’argile elle peut être détournée, réinventée, bousculée. Elle semble prête à bouger, à se dérouler, moins figée, elle est différente, plus vivante, moins délicate, plus rugueuse et plus contemporaine. Elle est installée à Pleyben (29).
Maxence a commencé à travailler la céramique en autodidacte en 2008, dans le pays de Brocéliande. Cette aventure se prolonge depuis 2015, dans les Monts d’Arrée du Finistère. Dans son travail de potier, il a toujours essayé de travailler les argiles, les roches et les cendres qui l’entouraient. Travailler les terres locales est pour lui source de sens et de poésie. Il explique que cette démarche est également riche des rencontres faites lors des récoltes de ces matières. Maxence nous parle de son travail : « Je suis toutefois loin d’être autonome – et ce n’est d’ailleurs pas mon objectif -, car j’achète régulièrement quelques matières premières et les argiles qui me manquent, comme le grès de Noron, la terre du Fuilet, la silice, l’alumine, la chaux et le talc. »
L’argile : C’est dans une ancienne carrière de sable pliocène, située sur la commune de Saint-Jouan-de-l’Isle dans les côtes d’Armor, Qu’il a extrait en 2012 plusieurs tonnes de grès blanc, considéré comme un déchet par le personnel de la carrière.
Pour pouvoir être tournée, cette argile avait besoin d’être séchée, mouillée, malaxée, tamisée, séchée et enfin battue. Toutes ces étapes peuvent s’effectuer sur une période d’un mois. Cependant l’argile est de meilleure qualité lorsqu’elle pourrit longtemps avant d’être tamisée. Ce grès blanc lui permet de tourner de la vaisselle mais aussi des plats à four pour lesquels il incorpore à l’argile de la chamotte (poudre de terre cuite) afin de renforcer la résistance du tesson aux chocs thermiques. Préparer sa terre permet de maîtriser la consistance de la pâte (plus ou moins molle), en fonction des pièces à réaliser (petites ou grandes), ce qui confère à l’atelier plus d’autonomie que lorsque l’on achète des pains d’argile dans le commerce. Le travail des matières locales constitue également un chemin d’expérimentation passionnant pour la préparation des émaux. Avant de trouver une formule d’émail satisfaisante, il fait de nombreux essais.
La
première étape consiste à trouver un émail équilibré qui se comporte bien avec
l’argile sur laquelle il est posé. Maxence peut ensuite explorer la palette des
couleurs et des textures possibles, que ces quelques matières premières lui
proposent. Pour cela, il s’est basé sur les conseils de ses collègues et sur
les travaux de Daniel de Montmollin et d’Alain Valtat pour la méthode de
recherche.
Maxence nous explique : « Pour l’émail, je récolte :
des cendres végétales, provenant de ma cheminée et de mon poêle, mais aussi de cèpes de vignes du bord de Loire. –
de la poudre de roche récoltée chez des tailleurs de pierre à Berrien(29), comprenant surtout du granit bleu et blanc de la région d’Huelgoat. J’utilise aussi certaines roches glanées près de la pointe du Raz, et du feldspath de Peillac (35), à côté de Redon. des cendres végétales, provenant de ma cheminée et de mon poêle, mais aussi de cèpes de vignes du bord de Loire.
des argiles, ramassées sur l’estran des plages du Nord Cotentin à Réville (50), et sur les falaises de la baie de Lannion.
Sandrine travaille la terre depuis plus de 20 ans, son affinité avec cette matière a commencé très jeune. Elle aime la travailler, aller chercher la matière brute dans les carrières ou chez des particuliers, la transformer pour la rendre modelable, la mélanger à d’autres trouvailles, et tourner cette matière précieuse pour en faire des pots, des assiettes, et toute vaisselle utilitaire. C’est ainsi qu’elle fait rentrer cette matière brute dans le quotidien de chacun.
Sandrine nous parle de son travail :
« Mon travail actuel peut se définir comme de petites collections uniques d’objets plutôt utiles et plus récemment
de jarres « hommage ».
J’utilise la terre du Fuilet , de Toulven, de Saint-Amand, pour le grès et la porcelaine de Limoges assaisonnée d’autres matières minérales
locales : sables, cendres de bois et de coquillages, argiles marines. Je
prépare aussi un matériau hybride, sorte de porcelaine brute, à partir de
granit et de kaolin récupérés directement en carrière. Ma production est
évolutive, variée et hétéroclite. Je tourne, estampe, colombine et coule… Ma
céramique est conçue en mouvement, comme une cuisine de saison ! Dans un esprit
de sobriété heureuse… »